- SilveratAdministrateur
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Souriceaux donnés aux Lézards
Mar 2 Déc - 13:47
Article de Vincent Noël - ReptilMag a écrit:Tout d'abord, corrigeons une idée reçue :
Un souriceau de quelques jours n'est pas une source si riche en calcium qu'on pourrait le croire, son rapport Ca/P est d'environ 1/1.
Certes, c'est plus riche qu'un grillon, mais plus pauvre qu'une souris adulte (rapport Ca/P 1,4/1). Le taux de calcium d'un souriceau augmente avec la croissance et la calcification de son squelette.
Néanmoins, les souriceaux (et autres jeunes rongeurs comme les ratons, jeunes gerbilles, etc.) ont la réputation d'être un aliment complet, en vertu du principe qu'il est plus facile d'assouvir ses besoins métaboliques de vertébré en mangeant d'autres vertébrés a fortiori entiers et c'est vrai en théorie. Mais attention, il faut s'assurer que c'est en adéquation avec le régime alimentaire typique de l'animal.
En effet, il est trop facile de se dire que si un lézard, un amphibien ou une tortue est assez grand pour avaler un souriceau et apprécie cette nourriture, ça ne peut qu'être bon pour lui. Pourtant, un Gecko léopard, une rainette de White, une Pelomedusa subrufa voire un grand reptile comme Physignathus cocincinus sont avant tout des insectivores (se nourrissant d'invertébrés au sens large).
Dans la nature, le Physignatus cocincinus se nourrit peu de vertébrés, Eublepharis macularius encore moins.
On peut se demander : en quoi est-ce un drame de nourrir son dragon d'eau de souriceaux s'il aime ça et est capable de les avaler ? Parce qu'un reptile ou un amphibien ne sait pas ce qui est bon pour lui à plus ou moins long terme, il réagit dans l'instant. C'est pécher par anthropomorphisme que croire que si un reptile aime quelque chose c'est en toute connaissance de causes et de conséquences sur sa santé. D'ailleurs, sommes-nous sûrs que tous les humains sont conscients que ce qu'ils mangent est bon pour leur santé ?
A voir les problèmes de diabète, d'obésité et autres maladies alimentaires se multiplier, on peut en douter. Alors, évitons d'attribuer à un reptile des concepts que nous-mêmes ne maîtrisons pas forcément.
Seconde raison, plus rationnelle celle-ci et strictement nutritionnelle, c'est que les souriceaux et autres jeunes rongeurs sont une nourriture trop riche pour un métabolisme adapté à digérer des invertébrés. Dans un insecte, il y a beaucoup à jeter : la chitine par exemple qui constitue la "carapace" des insectes est plutôt indigeste et en général rejetée telle quelle. Mais aussi difficile à digérer soit-elle, le système digestif des insectivores y est adapté et cette chitine joue un rôle primordial dans le transit intestinal un peu comme les fibres chez les végétariens ou les omnivores.
Le problème est que la richesse et la haute digestibilité des souriceaux provoquent une assimilation excessive de nutriments auxquels leur métabolisme n'est pas habitué : c'est le "méga big hamburger - frites". Une alimentation constituée en quantité de souriceaux engendre vite des problèmes d'obésité et autres troubles.
A l'inverse, ne faisons pas un sort catégorique aux souriceaux. Il ne s'agit certainement pas d'une nourriture "interdite", mais l'ont doit garder la nature comme modèle. Plus l'espèce est grande plus elle a la possibilité de chasser des vertébrés, mais même de grosses espèces comme Varanus exanthematicus ou les grands crapauds restent fondamentalement insectivores, car selon leurs milieux ou leurs mœurs, ils ont peu l'occasion de "croquer de la vertèbre".
Chez les espèces de tailles moyenne (longueur museau-cloaque de moins de 25 à 30 cm comme Varanus acanthurus, E.macularius, Agama agama, etc.), la distribution de souriceaux doit rester très occasionnelle. Les espèces de grandes tailles (ex : P.cocincinus, Chlamydosaurus kingii, V.exanthematicus, etc.) doivent conserver une alimentation constituée d'invertébrés.
Seuls les grands carnassiers comme les grands varans (V.niloticus, V.indicus, V.salator), les grandes tortues aquatiques (Chelydra ssp., Apalone ferox...) ou les crocodiles peuvent être nourris en majorité de vertébrés, mais il faudra varier les plaisirs, car vertébré ne veut pas dire seulement rongeurs : les poissons frais par exemple peuvent aussi faire partie du menu.
Les souriceaux ont néanmoins l'avantage d'être facile à trouver, de se conserver au congélateur et sont en général très appréciés.
Ça reste un aliment complémentaire riche, complet et apportant de nombreuses protéines, vitamines et autres nutriments hautement assimilables. Rien de tel pour retaper un animal convalescent ou une femelle en gestation ou qui vient de pondre.
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